On ne vous offre pas la maison, mais… : Un tourbillon rouge et noir

On ne vous offre par la maison, mais… est un feuilleton numérique écrit par Antoneine Lussier et diffusé sur la plateforme Pavillons depuis mai 2022. La première chose qui nous frappe avec ce texte, c’est la capacité qu’a son autrice de nous engager dans l’œil du cyclone — de son cyclone —, où la narration, la prose et les entailles versifiées traversent notre peau jusqu’aux os. Une fois notre lecture derrière soi, une impression lancinante persiste : celle d’avoir été confronté à une œuvre plus grande que nous.

La deuxième chose qui nous happe avec la lecture d’On ne vous offre pas la maison, mais…, c’est la certitude d’avoir lu le texte de l’une des plus grandes autrices du paysage littéraire québécois contemporain – et je n’écris pas ces lignes à la légère ni parce que je connais personnellement Antoneine, pour qui j’éprouve une profonde admiration. Son imaginaire corrosif côtoie à chaque instant sa sensibilité blessée, le tout dans un tourbillon générique explosif et à l’esthétique littéraire soignée jusque dans les moindres fissures. Fée Landry, la protagoniste et véritable extension textuelle de son autrice, a le contrat d’entrer dans le subconscient de ses victimes pour assassiner leur âme, non sans explorer les tréfonds de leur inconscient au préalable. Ici, la douleur règne : il n’y a pas un paragraphe qui passe sans que l’on n’y devine une chair lacérée derrière l’encre.

« Les mythes anciens racontent que l’âme, avant de quitter le corps, s’enflamme, se disperse aux quatre vents en fines cendres, et que quand on pleure, c’est parce qu’on en a des restants dans les yeux. »

L’art de l’image

L’œil cinématographique d’Antoneine Lussier est ici au service d’un monstre littéraire à plusieurs têtes, où poésie et prose se conjuguent au service d’un univers aussi vertigineux que dystopique. C’est rare, mais je me retrouve face à un texte qui me laisse sans mots, où tous les qualificatifs du monde ne seraient pas suffisants pour sonder la profondeur imaginative d’une autrice maître de l’œuvre littéraire picturale. Dans On ne vous offre pas la maison, mais…, la place de chaque caractère est pensée, calculée, et ce, au profit d’une expérience de lecture rarement proposée.

« La gigantesque tête de la statue du golem émerge des eaux troubles. À une époque, elle était jointe à son corps et faisait une trentaine de mètres de haut. Les bombardements l’ont réduit à un visage éclaté qui prend l’eau et coule de plus en plus à chaque seconde qui passe. Triste fin pour la splendeur. »

La mort est au bout du voyage

On ne vous offre pas la maison, mais… n’est pas fait pour tout le monde. Les sujets abordés sont graves, mais nécessaires pour quiconque étant à la recherche d’une catharsis culturelle, d’une expérience littéraire hors des cadres où le noir et le rouge valsent dans les profondeurs de l’âme humaine.

© Image : Pavillons, graphisme d’Antoneine Lussier

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